Nouvelle colocataire, nouveau départ.

Izaly

« On ne se connait pas, mais on va se connaître. Je ne sais pas si tu es une femme comme il faut fréquenter, quelqu'un de mon statut. C'est difficile d'être comprise par ceux qui n'ont pas ce que l'on possède. Le comprends-tu ? »

© A-Lice | Never-Utopia

Il commençait presque à faire noir, l'heure du repas étant passé, il ne te restait plus qu'à attendre que la nuit tombe pour te coucher. Tu étais étendu sur le dos à fixer le plafond blanc de ta nouvelle chambre. À chaque année c'était différent, tu avais une nouvelle chambre avec une nouvelle colocataire. L'an dernier, tu avais hérité d'une intello que tu avais emmerdé toute l'année. Tu croisais les doigts pour que ce soit différent, parce que c'est toujours amusant de faire de ta nouvelle amie, une soeur, une confidente. Tu poussas un très long soupire avant de fermer les yeux, même si toutes les lumières de la pièce étaient allumées. L'année scolaire ne commençait pas avant une bonne semaine et quelques jours, mais toi, tu étais déjà là depuis cinq jours. Tes parents te déposaient toujours deux semaines avant le début des classes pour te réhabiliter d'avance à ta vie sans technologie. C'est comme s'ils voulaient que ta période d'adaptation soit passé avec le début des classes, comme on peut réhabilité un drogué ou un alcoolique : ce n'était pas la grande classe. Au moins, si tu avais des cours dans la journée ça pourrait combler l'immense vide que les télévisions, les cellulaires et les ordinateurs créaient en toi. Là, tu n'avais que du temps. Du temps à perte de vue, pendant plus d'une semaine. Tu arrêtas, au bout d'un moment, de te concentrer sur ta respiration puis tu poussas sur les ressorts de ton matelas pour t'asseoir. En te penchant vers le bas, tu attrapas ton calepin a dessin puis tu commenças à griffonner quelques éléments habituels. Des animaux, de beaux animaux bien détaillés et précis. Tu soupiras encore une fois avant de te diriger vers la fenêtre-banquette que votre chambre possédait. Tu avais espéré avoir une chambre à toi seule, mais ce n'était pas la première année que ton père s'essayait pour que tu puisses être seule à ta demande : ça n'était pas encore arrivée. Tu déposas tes belles fesses sur le rebord de la fenêtre en l'ouvrant afin que l'air frais pénètre dans la pièce, puis tu commenças à dessiner le paysage que tu voyais de ta fenêtre. La musique de la radio du pensionnat résonnait à tes oreilles alors que tu souriais. Tu aimais dessiner et cela, depuis de nombreuses années déjà. Dommage de ne pas pouvoir en faire une carrière. Tu entendis une clé dans la serrure, puis tu te retournas vers cette dernière avant de voir une demoiselle faire son entré. Ses bagages étaient arrivés la veille dans la chambre et tu n'avais pas hésité à fouiller dans ses valises. Beaucoup de vêtements chic que tu rêvais déjà de lui emprunter. Ici, les valises arrivaient toujours le jour avant votre arrivée. Normalement, elles ne sont pas directement déposés dans les chambres, tu ne savais pas pourquoi cela avait été le cas cette fois. Mystère.

▬ « Bonjour. »

Tu ne te levas pas, restant assise sur la banquette en la regardant. Tu essayais de deviner comment elle était, dans quel style de groupe elle pourrait s'intégrer. Tu ne savais pas encore, tu attendais seulement qu'elle t'adresse la parole. Tu avais déjà décoré ta moitié de chambre, quelques vêtements traînaient devant le placard, mais à part cela tout était bien rangé.

En regardant la demoiselle entrée, tu te demandas ce qui allait se passer pour le reste de l'année scolaire. Allait-elle t'apprécier, ou bien te détester ? Tu ne le savais pas encore, mais elle était maintenant devant toi et tu pourrais maintenant te faire une bonne idée de la relation que vous auriez. Elle était jolie, sa posture bien droite, sans parler de ses fringues. À son arrivée, tu lui avais fait un sourire, tu l'avais même saluée. Elle t'avait rendu la pareille en commençant à défaire ses paquets, il n'y avait aucune raison pour que vous ne vous entendiez pas. Tu pourrais beaucoup lui en apprendre sur le pensionnat, puisque tu y venais depuis déjà cinq ans. Tu connaissais l'endroit comme le fond de ta poche, toutes les cachettes secrètes, tous les endroits interdits que tu avais déjà visitée. Certes, ce serait un jeu d'enfant pour toi de lui faire le tour du pensionnat et vous aviez encore une bonne semaine pour faire connaissance avant que les classes recommencent. Tu tournas la page de ton calepin et retourna en direction de ton lit. Tu rebondis dessus à quelques reprises avant de t'enfoncer dans les couvertures en regardant la demoiselle défaire ses valises. Tu recommenças à dessiner en jetant de bref regard dans sa direction. Sérieusement, tu t'attardas encore plus sur ses formes mannequines. Elle serait parfaite pour être le modèle d'une jeune femme voulant opérer dans le domaine de la création de mode. Tu fronças les sourcils en la regardant bouger, elle était svelte, elle bougeait avec tellement de grâce. Elle était parfaite pour ce type de rôle : c'est surtout parce que tu ne pouvais te prendre toi-même comme modèle, sinon tu le ferais surement. Narcissique que tu étais.

▬ « Elizabeth. Tu peux me surnommer comme tu le souhaites, hein. Je suis habituée de faire déformer mon nom, dis-tu avec une merveilleux sourire. J'aimerais connaître aussi ton prénom. »

Tu n'étais que très rarement polie. Normalement, tu n'aurais jamais été aussi gentille avec quelqu'un que tu ne venais qu'à peine de connaître.

En regardant attentivement la demoiselle, tu réussirais presque qu'à deviner ses pointures de vêtements, de chaussure, de soutiens-gorges. Tu dessinas rapidement un « mannequin » sans forme alors que tu regardais Izaly. Un sourire aux lèvres, tu leva le menton de ton croquis pour écouter ce qu'elle avait a dire. Tu étais capable de faire deux choses en même temps, mais on t'avais trop souvent rappelé a quel point c'était irrespectueux pour la personne qui t'adressais la parole. Tu te rendais compte que tu n'écoutais pas complètement ce que les gens disaient, mais tu comprenais le nécessaire. La jeune femme, Izaly, te regardait en classant ses effets personnels. Tu comprenais, toi cela t'avais pris au moins deux jours faire le classement de tous tes effets. Tu terminais à peine ton modèle sans vêtements que la demoiselle te demandait si elle pouvait voir. Tu ne disais jamais non à montrer une partie de ton talent. À quelques reprises déjà, tu t'étais dis que si tu imprimais des croquis afin de ne refaire que les vêtements cela te ferait économiser un temps fou, mais comme tes croquis se basaient trop souvent sur tes propres modèles, tu voulais faire les dessins toi-même avec les bonnes proportions. À tes yeux, c'était vachement mieux ainsi.

▬ « Bien sûr, approche ! dis-tu avec un beau sourire aux lèvres. J'ai fais plusieurs dessins de paysage, mais ce n'est pas mon plus grand atout. J'aime surtout dessiner des vêtements, je suis une passionnée, mais je n'aurais pas assez de talent pour en faire un métier. »

En racontant cela, tu tournes les pages pour lui montrer différentes robes de soirée. Des vêtements ordinaires, des robes d'été, des pantalons et des chandails. Tous magnifiques, simples et quelques fois pleins de détails. Tu évitas de lui montrer ton dernier croquis, même si elle n'avait sans doute jamais deviné que c'était elle.

Tu tournais les pages sans réellement t'arrêter sur une page en particulier, mais l'une des remarques de ta nouvelle colocataire te fit froncer les sourcils. Du talent ? Tu n'avais pas le droit d'en avoir et certainement pas dans ce domaine : t'es parents n'accepteraient jamais que tu fasses une carrière dans le design, même si ce fût réellement ce que tu aurais souhaité. Elle arrêta ta main alors que tu allais changer de page à nouveau pour te montrer une robe, qui avait vraiment l'air de lui plaire. Tu fronças légèrement les sourcils en regardant la jeune femme qui était proche de toi. Si tu l'avais dessiné, c'était parce que tu étais capable de la créer. Tu avais tout un atelier de couture à la maison, parce que ta mère avait jugé important que tu puisses développer ton sens artistique, ton côté créatif. Maintenant, elle ne devait plus se réjouir que tu aies autant aimé la mode. Elle devait regretter.

▬ « Quand je le dessine, c'est parce que je peux le créer. »

Tu l'avais dit avec une telle assurance que s'en fut presque apeurant. En fait, tu avais toujours été confiante dans tout ce que tu réalisais, que ce soit en mode ou dans tous les autres aspects de ta vie personnelle. Tu levas le regard vers elle, en croisant les bras sur ta poitrine.

▬ « Surtout, ne me dis pas cela juste parce que c'est ce que j'ai envie d'entendre. Je te jure, si tu me fais de faux espoirs, tu le regretteras. »

Tu secouas la tête en soupirant. C'était énervant de rencontrer de nouvelles personnes, tu essayais toujours d'impressionner. Normalement, cela fonctionnait bien.

Izaly avoua finalement qu'elle avait réellement apprécié le modèle de robe que tu avais dessiné. C'était étrange à quel point une phrase pouvait tout changer. Elle redevenait quelqu'un que tu pourrais apprécier, avec le temps, peut-être dans quelques semaines ou quelques mois. Tu lui fis un magnifique sourire alors qu'elle quittait le confort de ton lit pour continuer à défaire ses valises. Tu regardas la robe qu'elle avait choisi avec un sourire, elle n'était pas très compliquée, mais assez belle pour être digne de ses fringues. Tu te penchas doucement pour regarder le dessin, en te disant que tu aurais nettement pu faire mieux. En même temps, si tu avais un modèle humain comme Izaly ... les choses seraient réellement plus simple. Maintenant que t'y pensais ....

▬ « J'accepte de te la faire gratuitement et on n'auras qu'à aller magasiner les matériaux ensemble, pour qu'ils te plaisent. dis-tu simplement, avec un sourire avant de te lever de ton lit. Il n'y a qu'une chose que je voudrais .... »

Tu ne terminas pas ta phrase en approchant doucement en direction de ta compagne de chambre. Un grand sourire se dessinait sur tes lèvres alors que tu arrêtas à côté d'elle. Tu avais toute son attention, elle te regardait et n'attendait simplement que tu lui dises ce que tu attendais d'elle.

▬ « J'aimerais que tu sois mon modèle pour quelques autres tenus que j'ai besoin de créer. J'ai un contrat à terminer et mon ancienne mannequine s'est poussée de l'école, alors je n'ai plus personne pour m'aider. Accepterais-tu ? »

Tu ramassas les coussins qui étaient éparpillés partout dans ton lit, puis tu ramenas le tout dans le haut pour te faire un accotoir. Tu t’adossas à cela en tenant toujours ton calepin dans tes mains : ce n'est pas rien, mais il est un peu comme la chose la plus précieuse que tu as. Il contient toutes tes idées, tous les vêtements que tu as eus un jour l'envie de créer. Il contient aussi la nouvelle collection d'été que tu aurais déjà dû avoir terminé de créer, mais ce n'est pas le cas. On t'as déjà engueulé à cause de ça, mais le contrat tire bientôt à sa fin. Tu n'auras pas le choix de finir les vêtements, que ce soit dans une semaine ou deux, parce que dans plus, tu n'auras plus de temps.

▬ « Ouais, on pourrait être de bonnes amies. »

Tu n'étais pas certaine de ce qu'elle disait, mais il valait mieux essayer que de laisser le temps couler. Tu avais envie d'une bonne relation avec elle, surtout si elle acceptait d'être mannequine pour toi.

▬ « J'ai envie d'aller aux bains publics. C'est une grande salle d'eau chaude, style une piscine chaude dans laquelle on peut relaxer. Ça te dirais de venir avec moi ? »

Tu allais souvent aux bains, c'était reposant et la majorité des filles de ton âge refusaient de s'y rendre par manque de confiance, elles se trouvent laides ou grosses et refusent qu'on les vois à poils. Les vêtements étant interdits, elles ne se risquent pas à s'y rendre. En fait, tu aimes ça.